En général, la ligne d'Emma Reyes est épaisse mais elle a parfois été fine et en certaines occasions elle est arrivé à être aussi large
que la paume de la main. La principale caractéristique de cette ligne est de remplir les formes en plus de les border. C'est ce que nous
trouvons dans les fins paysages des années 50. C'est aussi ce que nous trouvons dans ces caves, conçues comme des paysages
d'un monde intérieur, qu'elle peint dans les années 60 ; et c'est ce que nous trouvons dans les visages et les natures mortes des
années 70 et 80.
Pour remplir les formes, la ligne d'Emma Reyes s'ordonne en segments parallèles qui ondulent ou restent droits, quand ils ne tournent pas sur eux mêmes en spirales très vastes de facture intriquée. On dirait qu'elle ne conçoit pas un plan comme une surface délimitée à l'extérieur par une ligne de contours mais comme des files de lignes en succession infinie. L'emploi qu'elle fait de la ligne est semblable à celui que Pollock fait du "dripping". Comme lui, elle sait où elle va commencer, mais non où elle va terminer : Elle ne sait pas les développements qui vont se produire au cours de l'exécution sans doute y-a-t-il un haut degré d'improvisation dans lequel comptent les accidents, improvisation qui à la fin peut déboucher sur des échecs sans appel ou sur des œuvres superbes.